Les incroyables effets du micro-jeûne
C'est le titre de l'article de "science et vie". Les temps changent.
Cela commence bien : "on savait que jeûner est bon pour la santé. Or, de courtes privations alimentaires procurent aussi des effets incroyablement bénéfiques ! De quoi, selon Elsa Abdoun, révolutionner nos habitudes alimentaires". Et moi je remercie Pierre, l'un de nos commentateurs qui m'a mis sur la piste de cet article.
Et l'on continue : "Et si lutter contre le vieillissement et les maladies qui lui sont associées était aussi simple que de sauter le petit déjeuner ?". ET voilà comment on parle de notre jeûne intermittent. Des études récentes démontrent de nombreux bénéfices de courtes périodes de restriction alimentaire, comme des stratégies à la portée de tous.
On a d'abord, vous le pensez bien, essayé cela sur des animaux et en leur supprimant un tiers de leur ration alimentaire on pouvait observer des effets impressionnants, jusqu'à 30% d'espérance de vie en plus et protégé contre de nombreuses maladies comme Alzheimer, diabète, cancer...
Les mécanismes en jeu ne sont pas uniquement liés à la perte de poids, mais mettent en branle des mécanismes biologiques bien spécifiques, très bénéfiques pour la santé. A commencer par le phénomène d'hormèse (réaction de l'organisme face au stress). On affame l'organisme, ce qui entraîne un stress physiologique et active les systèmes de défense, tels que la production d'antioxydants, qui ralentissent le vieillissement, produit une baisse de l'inflammation et active la production de corps cétoniques, des molécules bénéfiques pour les cellules gourmandes en énergie (neurones et muscles...). Mine de rien, on est en train d'accréditer le jeûne, le jeûne intermittent, le régime cétogène et le régime paléo, je bois du petit lait. Il y a quelques années seulement, on nous aurait enfermé pour parler de tout cela.
Pour Mark Mattson, directeur du laboratoire de neurosciences à l'institut nation du vieillissement de Bethesda (Etats-Unis) une telle multiplicité d'effets positifs n'a rien de surprenant : Tiens donc, et alors pourquoi on ne nous en a jamais parlé et ceux qui en parlaient étaient traités de fous ? Toujours de Mark Mattson : "Durant la plus grande partie de son histoire évolutive, notre espèce a été confrontée à d'importantes restrictions alimentaires. Notre organisme est donc plus adapté à ce mode de fonctionnement qu'à celui, très récent, consistant à manger trois repas par jour".
En 2011 sont publiés les résultats des premiers tests menés pendant 6 mois sur 41 femmes obèses ou en surpoids. Bien évidemment, elles avaient maigri, mais leur état de santé s'en était trouvé amélioré. Elles présentaient aussi une plus forte production de corps cétoniques, ainsi qu'une baisse des marqueurs de stress oxydants et de l'inflammation, soit les mêmes phénomènes que ceux impliqués dans le ralentissement du vieillissement provoqué par des privations extrêmes.
Une autre expérience menée par Valter LONGO, professeur de biologie et gérontologie à l'université de Californie du Sud sur 19 volontaires ; Il a remarqué que ces quasi-jeûneurs produisaient plus de corps cétoniques et présentaient moins de protéines C réactive (marqueurs d'inflammation) et d'hormones IGF-1 (facteurs de vieillissement). Des souris soumises à un régime restrictif ont vu leur longévité accrue de 11% et leur risque de développer des tumeurs diminué de 45%, leur système immunitaire était rajeuni et leur densité osseuse préservée. Valter LONGO a noté un phénomène nouveau :"Un véritable renouvellement cellulaire avec une disparition importante de cellules des muscles, du foie et du système immunitaire qui, à la reprise d'une alimentation normale, étaient repeuplés grâce à la très forte prolifération de cellules souches".
Le jeûne intermittent, parce que je continue à l'appeler comme ça, permettait une moindre prise de poids, garantissait une meilleure endurance physique et une diminution du cholestérol et des facteurs de risques de diabète.
D'après Benjamin HORNE, spécialiste d'épidémiologie au Centre médical intermountain de Salt Lake City, les mécanismes aboutissant à la production de corps cétoniques démarrent dès huit à 10 heures de jeûne. Des effets anti-âge pourraient donc bien être à l'oeuvre.
Amandine Chaix a mené les premières expériences : "Nous testons actuellement de possibles effets sur le cancer, et d'autres laboratoires sont en train d'étudier les effets sur la longévité".
Le jeûne serait même thérapeutique (Tiens, tiens !); Plusieurs études témoignent qu'il pourrait diminuer les symptômes de l'asthme et de la polyarthrite rhumatoïde, ou normaliser la tension. Il pourrait être orienté vers une application particulièrement prometteuse, le traitement du cancer. Des études indiquent en effet que de courtes périodes de privation de nourriture augmenteraient l'efficacité de la chimiothérapie, tout en réduisant les effets secondaires. (Les Allemands et les russes ne se posent plus la question, depuis longtemps ils l'utilisent).
Hélas, il y a un bémol à la fin de ce très bel article : "Avant d'être reconnu comme un outil de prévention, le rapport bénéfice/risque du jeûne, même très court ou partiel, devra donc être confirmé par des essais cliniques de plus grande ampleur".
C'est naïf de penser qu'il va y avoir des essais cliniques de grande ampleur. Les grands labos, qui financent ces essais cliniques ne vont pas en mettre en chantier, pour la meilleure des raisons, les résultats bénéfiques viendraient en déduction de leurs énormes profits. Imaginez que l'on soigne sans médicaments, grâce au jeûne, ils seraient obligés d'aller manger à la soupe populaire, alors qu'actuellement, ils sont les rois du monde. Pour eux, c'est évident il faut trouver de nouveaux médicaments, et si possible applicables au plus grand nombre et pendant très longtemps. Notre santé et leur prospérité sont deux éléments qui ne peuvent pas cohabiter.
Alors le mieux, c'est que nous n'attendions rien et surtout pas de confirmations, mais que nous continuions à penser que nous sommes dans le vrai.
Source : Science et vie d'Octobre 2015
Tags : Vieillissement, jeûne intermittent, Alzheimer, cancer, diabète, antioxydant, cétogène, paléo, longévité, cellules souches, système immunitaire, IGF-1, jeûne.