ALZHEIMER, L’hypothèse des biométaux
AUTEUR DE L’ARTICLE : Dr Paulcarl, médecin généraliste.
A / INTRODUCTION
Bonjour chers lecteurs de ce blog et salutations à Mr. Joubert.
En référence aux précédents articles, nous présentons un article de synthèse sur les différents métaux accumulés dans l’Alzheimer selon le point de vue que différents problèmes au cerveau sont dus à un problème de gestion, d’accumulation de ces derniers, c’est « l’hypothèse métallique ». Pour cela, entre autres, nous nous appuyons sur le très récent article de Yi L, paru en octobre 2017, dans la revue « Frontiers in Molecular Neuroscience » [1]. Bien sûr, cette hypothèse est en cours de débat, parmi les spécialistes.
Rappel pour le lecteur non averti : la maladie d’Alzheimer se distingue par 3 caractéristiques : 1 - L’accumulation et l’agrégation de la protéine bêta-amyloïde (les fameuses plaques séniles). 2 – De même pour la protéine Tau. 3 - La présence d’une dégénérescence neurofibrillaire (dégénérescence des neurones). Ce qui entraîne des troubles comportementaux, des pertes de mémoire, de la désorientation…
B / L’HYPOTHESE METALLIQUE DANS L’ALZHEIMER
Cette hypothèse est très étudiée actuellement, c'est-à-dire la mauvaise gestion des ions métalliques dans les maladies cérébrales et notamment dans l’Alzheimer qui entraîne les 3 caractéristiques précédemment citées. Nous avions vu dans les précédents articles, un focus sur le manganèse et son aspect double tranchant dans la physiologie. Cette fois-ci, nous allons les cités tous.
C / LES 6 METAUX PERTURBES DANS L’ALZHEIMER
Parmi les biométaux (ou ions métalliques) perturbés dans leurs gestions, nous avons : le fer, le cuivre, le zinc, le manganèse, le magnésium et le calcium.
Oui, nous avons bien noté le calcium est considéré comme un biométal (même si on le considère aussi comme un sel minéral souvent en cours de biologie) [1]. …Nous y reviendrons une prochaine fois, car c’est le métal le plus abondant du corps [2]. En dehors du magnésium, les 5 autres ions sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’aggravation de l’agrégation de protéines Béta-amyloïde, de la protéine Tau.
D / QUELLE EST LA SPECIFICITE DE CE PROBLEME DE GESTION METALLIQUE ?
En fait, le cerveau peut être considéré comme une GROSSE CELLULE qui possède sa propre régulation (sa propre homéostasie). Et pour réguler l’entrée de ces biométaux, il possède des transporteurs (exportateurs ou importateurs). Les biométaux sont régulés comme des « échanges commerciaux » dans un pays avec de l’importation ou de l’exportation (voir schéma récapitulatif).
D’après l’avis des chercheurs, le principal problème de gestion métallique dans le cerveau est un PROBLEME DE GESTION DANS LA CELLULE et PAS UN PROBLEME D’EXPOSITION car en principe les biométaux sont finement régulés dans les conditions physiologiques (comme dans les échanges commerciaux d’un pays). L’exposition veut dire soit une carence d’exposition ou une surexposition (manque de magnésium, excès d’exposition au manganèse…).
E / UNE SPECIFICITE QUI SE DISCUTE
Un « PROBLEME DE GESTION DANS LA CELLULE et PAS UN PROBLEME D’EXPOSITION », c’est l’avis de certains chercheurs…En réalité, il s’agit d’une position qui se discute d’autant plus que chacun des biométaux peut se diffuser différemment. Nous avions vu que le manganèse se diffuse facilement par voie olfactive et nous ne parlons pas de tous les terrains pathologiques favorisant le passage des métaux dans le cerveau (inflammation, glycation, la pollution chimique des métaux lourds comme l’aluminium, le plomb...) [8].
C’est vrai que la carence ou la mutation d’un transporteur est matière à réflexion et peut donner des modèles de compréhension (comme dans le cas du syndrome de Parkinson-like par manque de l’exportateur au manganèse : SLC30A10 « Solute carrier family 30 member 10 »). Les patients développent la maladie sans être exposé excessivement au manganèse…D’ailleurs, je vous redonne le lien vidéo qui montre ce genre de patients car il permet de se rendre compte cliniquement et VISUELLEMENT du manque d’un transporteur inclus dans la membrane d’une cellule [3]. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3664426/bin/mds0027-1317-SD2.mp4
F / QUELLES CONSEQUENCES PATHOLOGIQUES IMPORTANTES ENTRAINENT-ILS ?
Nous pouvons en citer trois :
1 - une tendance à la mort des neurones par la formation de radicaux libres toxiques (le fameux stress oxydant) car les biométaux sont des réactifs important à l’état libre.
2 – une tendance à l’accumulation de calcium in fine [4] avec tous les effets toxiques possible de celui-ci.
3 - Ils ont également tous démontrés leurs effets pathologiques sur la protéine amyloïde, la protéine Tau et la dégénérescence neurofibrillaire à tous les niveaux c'est-à-dire la synthèse et la dégradation de ces protéines.
G / CONCLUSION
Le lien entre l’Alzheimer et les problèmes de biométaux reste à faire. Mais c’est une hypothèse sur laquelle travaillent de nombreuses équipes en tant que cible thérapeutique potentielle. Pour preuve, les équipes de neurologie de Lille du docteur Devos qui travaillent sur la chélation conservatrice du fer (par défériprone), dans le cadre de la maladie de Parkinson, mais qui peut avoir des extensions pour l’Alzheimer [5]. L’équipe du docteur Isabelle Hureau à Paris travaille sur le lien entre le cuivre et Alzheimer [6]. Que dire du célèbre Professeur anglais Exley, qui travaille sur les liens avec aluminium (même si ce n’est pas le sujet de cet article) [7]. Et pour le manganèse, vous pouvez vous référer à nos articles précédents sur ce blog.
Au final, des solutions naturelles contre l’oxydation, la rouille du cerveau, sont possibles en dehors toute la recherche scientifique pour trouver des molécules brevetables. Recherche qui reste en dehors de tous conflits intéressante pour nous tous. Vous pouvez trouver de nombreuses solutions contre l’oxydation du cerveau sur ce blog de M. Joubert, notamment avec la diététique des corps cétoniques (huile de noix de coco, vitamine C, magnésium etc.). Bien à vous ! Dr Paulcarl.
H / REFERENCES et notes
[1] Li Y et coll. Biometal Dyshomeostasis and Toxic Metal Accumulations in the Development of Alzheimer’s Disease. Front. Mol. Neurosci. October 2017 - Volume 10 - Article 339 [2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Calcium (source consultée en nov.2017).
[3] Stamelou M et coll. Dystonia with brain manganese accumulation resulting from SLC30A10 mutations: a new treatable disorder. Mov Disord. 2012 Sep.
[4] Sastre M, Ritchie CW, Hajji N (2015) Metal Ions in Alzheimer’s Disease Brain. JSM Alzheimer’s Dis Related Dementia 2(1): 1014.
[5] David Devos et coll. Targeting Chelatable Iron as a Therapeutic Modality in Parkinson’s Disease. ANTIOXIDANTS & REDOX SIGNALING Volume 21, Number 2, 2014 Interview du Dr Devos pour le magazine Notre temps: http://www.notretemps.com/sante/parkinson-le,i70355 Site coordonateur du projet du Dr Devos : http://www.fairpark2.eu/
[6] Hureau, C., "Coordination of redox active metal ions to the APP and to the amyloid-β peptides involved in AD. Part 1: an overview." Coord. Chem. Rev. 2012,256.http://www.lcctoulouse.fr/lcc/spip.php?article30 [7] https://www.futsci.com/project/the-aluminium-alzheimer-s-disease-hypothesis-what-is-the-role-of-aluminium-in-alzheimers-disease
[8] Nous pensons par exemple à l’inflammation d’un « pied » de l’astrocyte qui va laisser passer de nombreuses molécules comme le fer.