NOS OS EN ‘PLAQUÉ EAU’

…Ou la description de cette merveilleuse apatite « plaqué eau » fabriquée par un orfèvre Divin, bien au-dessus de nos techniques de plaqué or…
A /INTRODUCTION
En lien avec les articles précédents (nos os composés d’eaux), nous allons resituer topographiquement l’eau interstitielle structurante du cristal d’apatite osseuse. Il recèle une beauté architecturale extraordinaire qui donne envie d’en savoir plus.
En effet, les cristaux d’apatites, les biochimistes les connaissent bien en structure : ce sont des plaquettes de phosphate de calcium fabriquées par notre organisme afin de durcir l’os. Mais, en regardant de plus près, ceci ne semble pas aussi évident, car les cristaux sont à l’échelle du nanomètre. Cette échelle nanométrique est difficile, car en plus il y a de l’eau ! La physiologie de la surface de ces cristaux est mal connue.
B / LA COQUILLE D’HYDRATATION
La fameuse coquille d’hydratation, une épaisseur de couche d’eau collée à la surface du cristal recèle bien des surprises. Pour celle-ci, nous avons refait des schémas en fonction de la thèse de Mr Stanislas Von Euw [1]. Nous voyons qu’elle entoure le cristal sur quelques nanomètres. C’est une eau « figée » au cristal, elle ne bouge pas. Sans faire de jeux de mots, le cristal est « plaqué-eau » : c’est de la vraie joaillerie Divine qui force au respect. Elle est figée, elle reste néanmoins une interface d’échange d’ions entre le cristal et le plasma. Cette coquille n’est pas facilement détectée, car un échantillon d’os un peu déshydraté suffit à ne pas la trouver (d’où l’intérêt d’étudier de l’os « frais »).
C / LE DOMAINE NON APATITIQUE
Sous cette coquille, se tient le domaine dit « non apatitique » très étroitement lié à celle-ci. C’est une couche de phosphate de calcium désorganisée (amorphe) contrairement au cœur du cristal (dit domaine apatitique), bien organisé et hydratée. Ne croyez surtout pas que cette couche a été facile à individualiser par les chimistes. En 2014, il n’y avait pas encore de consensus précis sur la composition du domaine non apatitique. Les chimistes sont obligés d’utiliser des appareils spéciaux pour cela (RMN…).
D / LE POUVOIR DE LA COQUILLE D’HYDRATATION
Pour reprendre les données de l’article précédent, l’os est formé de trois types d’eaux : l’eau libre, l’eau interstitielle structurante et l’eau de structure de cristal.
La coquille d’hydratation, c’est l’eau interstitielle structurante. Nous soulignons son intérêt par la découverte faite par l’équipe des chercheurs du Laboratoire Chimie de la Matière Condensée de Paris / Equipe SMILES en 2014 : cette eau est capable d’organiser en réseau de trois dimensions les cristaux même sans matière organique comme le collagène (c'est-à-dire de l’os mou), d’où le nom de « structurante ».
Rien de tel que de laisser parler Mr Stanilas Von Euw, auteur de la thèse que nous citons : « … Ces cristaux sous forme de plaquettes forment ainsi des structures organisées en 3D, lesquelles sont similaires à celles observées pour les plaquettes d’apatite osseuse in vivo, et ce sans avoir recours à aucun additif organique qui pourrait favoriser les interactions minéral-minéral entre plaquettes. Les molécules d’eau favorisent donc l’organisation locale des plaquettes d’apatite osseuse in vivo. C’est la toute première fois qu’un tel rôle structurant est attribué aux molécules d’eau lors de la biominéralisation osseuse, rôle auparavant attribué seulement à la composante organique du tissu (collagène, protéines non-collagéniques, polysaccharides…). Malgré tout, de nombreux efforts restent
encore à fournir pour comprendre ce mécanisme d’agrégation orientée des plaquettes d’apatite » page 235 [1].
On souligne même le rôle premier de l’eau : « … De cette manière, lorsque deux cristaux d’apatite
sont en contact, il est imaginable qu’avant même toute biomolécule, cela soit les molécules d’eau provenant de leur coquille d’hydratation qui gouverne l’interface minéral-minéral… ».
Pour paraphraser : pas d’additif organique, c'est-à-dire pas besoin d’os mou (non minéral). De plus, la forme des cristaux est aussi importante. Les cristaux de nos eaux sont plus sous une forme de petites plaquettes (tablettes) à l’échelle nanométrique plutôt que sous forme de bâtonnets, ce qui favorise l’action d’une eau « figée » sur toute la surface plaquettaire.
L’agrégation entre les plaquettes d’apatite peut se faire par empilement avec la surface plane, un peu comme si nous avions une pile de pochette CD. Les scientifiques ont compté jusqu'à une moyenne de 20 plaquettes empilées (imaginez une pile de 20 CD) (voir page 223 de la thèse de Mr. Van Euw.
E / QUE DÉDUIRE ?
Que déduire de cette connaissance récente et de son application ? Comme nous l’avons-dit précédemment, nous avouons ne pas bien savoir et nous avons évoqué quelques pistes. Le présent article est là pour faire partager cette subtilité osseuse et être une source d’inspiration pour les naturopathes, hydrothérapeutes ou autres personnes intéressées…Voici quelques informations supplémentaires qui vont vous fasciner…
1 – L’os déshydraté
Mr. Stanislas Van Euw parle bien dans sa thèse, du fait qu’un os déshydraté est plus fragile, sous entendant l’importance de l’eau pour la solidité. Il cite une étude de Nyman et coll de 2008 suggérant que c’est l’eau interstitielle structurante de la coquille qui est atteinte en premier en cas de déshydratation (donc bien boire et avoir un bon hypothalamus). Cette atteinte se retrouverait dans la liaison apatite-collagène (c'est-à-dire liaison os dur et os mou).
Les scientifiques s’intéressent donc bien à ces eaux osseuses, et l’équipe Mr. Van Euw en est le reflet avec sa découverte de liaison minéral-minéral par ce plaqué eau. Il permet aussi la liaison collagène –minéral.
2 – L’hydrodynamique
On fait aussi référence à d’ancienne théorie concernant « l’hydrodynamique », je cite en page 189 : « …où l’eau, une fois compressée, serait capable de disperser les contraintes mécaniques en transférant les charges dans toutes les directions… ». Le plus surprenant dans tous cela, c’est que les résultats de l’hydrodynamique suggèrent qu’il est nécessaire d’avoir une eau « immobile » « figée » pour permettre la dispersion des contraintes entre collagène et minéral. C’est ce que nous avons avec la coquille d’hydratation et confirmé par les nouvelles mesures avec les techniques de résonances magnétiques nucléaires (elles sont à prendre en compte car elles n’existaient pas auparavant).
Il y a quelque chose de fascinant dans ce sujet, ce sont les échelles de mesure : la relation entre les cristaux est à l’échelle moléculaire et nous voyons que la perte de molécules d’eau « rigides » affectent les propriétés mécaniques de l’os à notre échelle humaine (macroscopique). Cela fait penser un peu à la nutrition qui a pour ambition de jouer sur la part de génétique modifiable par notre environnement (l’épigénétique).
3 – Le continuum des cristaux d’apatite
Encore plus surprenant et qui peut avoir beaucoup de conséquences pour les chercheurs à l’avenir (naturopathe, scientifique): l’existence possible d’un CONTINUUM de cristaux d’apatite liée à cette eau. Un peu comme les réseaux des fascias mais ici avec les cristaux avec une « intégrité structurale spécifique ». Une enquête à ce sujet serait intéressante…
Dr Paulcarl
F / RÉFÉRENCES ET NOTES
1 - Sur la thèse de Mr Van Euw :
Stanislas Von Euw, biominéralisation osseuse : de la caractérisation structurale du minéral à son organisation 3D. Thèse de doctorat de Chimie, équipe SMILES, université Pierre et Marie Curie, 2014. Disponible sur https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01127563/document
2 - Sur la déshydratation de l’os :
J. S. Nyman et coll. « Measurements of mobile and bound water by nuclear magnetic resonance correlate with mechanical properties of bone », Bone, janv. 2008.
3 - Sur la notion de continuum de cristaux :
P.Y Chen et coll. « Minerals form a Continuum Phase in Mature Cancellous Bone », Calcif. Tissue, Vol 88 - 2011