Un grand homme, le curé KNEIPP

Publié le par Fernand Joubert

Il vient au monde le 17 mai 1821, à stephansried, un petit village bavarois. Ses parents sont de pauvres paysans qui vivent chichement pour élever leurs 5 enfants. Aussi Kneipp a dû attendre sa majorité et avec quelques économies il put partir pour la ville étudier afin de devenir prêtre. Il travaille le jour et le soir il étudie. Il commence à étudier la théologie, mais les privations et les fatigues l'ont épuisé. Il contracte une affection pulmonaire que de nombreux médecins estiment incurable.
Même lui, dans le plus célèbre de ses ouvrages, il affirme ne plus avoir d'espoir ; "résigné et calme, j'attendais la fin". 
Comme beaucoup de malades qui découvrent la puissance des médecines naturelles, il touche le fond et c'est pour cela qu'il se tourne vers d'autres thérapeutiques. La médecine traditionnelle l'abandonne. C'est alors que "la providence, pleine de miséricorde" selon sa propre expression lui met entre les mains une brochure intitulée " Manuel d'enseignement sur la puissance et l'action de l'eau froide sur le corps de l'homme" par Johan Siegmund Hahn docteur à Schweidnitz. Il y trouve, minutieusement décrit, le traitement qui concerne son cas et décide de le suivre, bien qu'il le juge rude et sévère. Il faisait un grand chemin pour aller tous les matins se baigner dans les eaux du Danube et était pressé de rentrer pour vite se mettre au chaud. Et, "ce traitement au froid, s'il ne me fit aucun tort, ne me fit guêre de bien...je le croyais du moins". Mais non seulement son mal n'empirait plus mais petit à petit, c'est lui qui devenait plus fort. Au séminaire, il rencontra un étudiant pauvre, encore plus malade que lui, et à tous les deux, ils s'encourageaient mutuellement sur cette méthode, c'était à celui qui la mettrait le plus souvent en pratique. Son ami se guérit ainsi et lui, se sentait de jour en jour plus fort.
Convaincu par cette double guérison des bienfaits de l'eau, Sébastien Kneipp se fixe pour mission d'en faire profiter ses semblables. En même temps qu'il disait la messe il prêchait pour guérir les malades. Lors d'une épidémie de choléra dans le petit bourg où il officiait, il réussit grâce à sa méthode à arracher à la mort les 42 personnes frappées par ce fléau. Il devint ainsi le "vicaire du choléra". 
Hélas, sa renommée n'est pas appréciée par ses supérieurs qui lui confient le poste plus obscur d'aumônier d'un couvent. Mais cet exil ne tarit pas son zèle de guérisseur. Des moribonds qui avaient reçu l'extrême onction, recommençèrent à travailler leurs champs. Et, bien sûr, cela se dit, se répand et c'est bientôt l'Allemagne entière qui est au courant. Sa renommée franchit les frontières et c'est de toute l'Europe qu'on vient se faire soigner par le bon curé Kneipp. Et on voit bientôt les plus grands chefs d'Etat se presser pour le rencontrer.
Et à tous, il vante inlassablement les vertus curatives de l'eau dans son style simple, imagé, que l'on retrouve dans tous ses livres. "Parmi tous les remèdes que la main bienfaisante du tout-puissant a mis à notre disposition, leur dit-il, il y en a un tout spécial, qui se rencontre partout et qui guérit de nombreuses infirmités : c'est l'eau. Ce grand don de la bonté divine ne calme pas seulement la soif de l'homme ; il est aussi le premier, le plus excellent, le plus commun des remèdes... Ne voyez-vous pas, si vous êtes un peu observateur, que les animaux eux-mêmes recherchent l'eau comme un remède à leurs maux ? Malheureusement, l'homme, doué de raison, se montre en ce point, souvent plus déraisonnable que la créature privée de raison. Il en est de cela comme de bien d'autres choses. On abandonne ce qui est simple, naturel, raisonnable, pour chercher la guérison là où on ne peut la trouver, ce qui est contraire à la raison, à la nature..." Et il leur conseille ses bains, ses douches, ses enveloppements, ses marches pieds nus dans les ruisseaux et à travers les prés dans la rosée du matin. Et les paysans du coin, ébahis, voient leurs champs piétinés par des notables de la ville. Mais malgré tout, cela n'empêcha pas que le petit bourg vit se dresser la première station thermale et qu'elle devint vite une petite ville particulièrement touristique.
Il utilisa beaucoup également l'argile, mais l'eau, la terre, quoi de plus normal pour un homme aussi simple que de faire appel à des matériaux aussi communs.
Mais il poursuit sa tâche  écrasante de curé et de guérisseur. Eugène ORTNER, dans son ouvrage "Un guérisseur de génie" nous donne des images de sa vie. Il parle aux malades d'un ton bourru, sans mâcher ses mots et tutoie presque tout le monde, lançant à chacun sa vérité : "Tu pintes trop, révérend !" dit-il à un écclésiastique ; "Travailles et tu iras bien" conseille-til à un aristocrate et au baron de Rothschild, qui est venu le consulter par train spécial avec wagon-salon, il déclare : " A un homme comme vous, il faudrait deux estomacs !"
Les guérisons succèdent aux guérisons et les médecins et les pharmaciens s'inquiètent de cette concurrence déloyale et ils font pression auprés des autorités religieuses pour qu'elles empêchent l'abbé de poursuivre son oeuvre. Mais lui, répondait : "Le succés est la meilleure marque de la vérité : ce qui convient à l'homme, c'est ce qui lui fait du bien, c'est ce qui le guérit. Je n'ai jamais prié personne de venir refaire sa santé chez moi. Au contraire, j'ai toujours soin, dans les cas graves, d'adresser le malade tout d'abord à un médecin instruit et capable, afin de le faire examiner et d'apprendre de lui le siège du mal. Alors seulement j'entreprends de le guérir....du reste je ne suis guidé par aucun intérêt matériel : ce n'est que la compassion pour les malheureux qui m'a engagé et qui m'engage encore à leur venir en aide partout où je le puis." Il lui était impossible de refuser des soins à des malades que les médecins ne pouvaient guérir. C'est encore ce qui se passe aujourd'hui, les malades ne viennent à des soins différents qu'à partir du moment où  la médecine classique se révèle impuissante à les guérir. C'est tout de même plus facile de prendre un comprimé que de faire un effort alimentaire ou aller se promener pieds nus dans la rosée du matin.
Le Pape Léon XIII le reçoit plusieurs fois en audience privée, se fait soigner par lui et, en lui remettant une médaille d'or, lui déclare :" Dites à vos paroissiens que le pape vous est reconnaissant des soins que vous lui avez donnés..."
Dans toute l'Allemagne des centres hydrothérapiques ont été créés pour appliquer sa méthode.
On le réclame un peu partout pour donner des conférences, à Vienne, à Berlin, Cologne, Munich, Prague, et Paris qui lui fait un accueuil triomphal en février 1895.
Et cet homme simple et grand a lutté toute sa vie contre l'incrédulité, pensez donc, il n'était même pas un homme de l'art, et puis soigner avec des plantes et de l'eau, c'est pas sérieux, à l'ère des antibiotiques, de la chimie. Et on a lancé contre lui ce qu'on lance contre nous à l'heure actuelle, l'anathème suprême, charlatanisme, un guérisseur en soutane. Les éléments qu'il utilisait étaient trop simples pour qu'on y attache de l'importance. Et pourtant sa méthode perdure encore aujourd'hui et en Allemagne on trouve encore beaucoup de centres d'hydrothérapie Kneipp.
Epuisé par la tâche écrasante qu'il a assumée pendant un demi siècle, il meurt à l'âge de 77 ans, le 17 Juin 1897. Et les journaux sont unanimes dans la louange : 
"Peu de prêtres furent aussi célèbres et fêtés que le fut l'abbé Kneipp, le roi des eaux." 
"Peu de vies furent aussi occupées que la sienne et envahies par l'amour désintéressé du prochain, des pauvres souffrants et des gens de la campagne". 
La Science Française : "La science officielle, si jalouse de ses prérogatives, a dû compter elle-même avec ce bonhomme qui avait le toupet de guérir les gens en dehors de toutes les traditions et de toutes les rêgles. Nombreux sont les médecins qui sont allés voir à Worishofen se rendre compte de visu du mécanisme et de l'efficacité du traitement. Et presque tous, arrivés là incrédules, en sont revenus plus ou moins convaincus que, tout de même, il pourrait bien y avoir quelque chose..." 
Le Figaro : "Sauf le général Boulanger, personne en Europe, sans doute, depuis un demi-siècle, n'aura joui d'une popularité comparable à celle de cet humble curé de campagne, l'abbé Sébastien Kneipp.....Le traitement par l'eau froide, dont les vertus galvanisatrices ne sont pas niables, est de tous les temps et de tous les pays."

Il me faut ajouter à cela que Sébastien Kneipp ne préconisait pas seulement les bains mais aussi, il demandait au patient de réformer leur alimentation. Dans un certain sens c'était un naturopathe, la nature, la sobriété, les choses simples, à la portée de chacun, gratuitement, et je rends personnellement hommage à ce grand homme qui a subi les foudres des notables en place, mais qui a su garder une ligne directe pour nous apporter encore aujourd'hui son amour à travers les choses simples qu'il préconisait et qui peuvent faire tant de bien à nos semblables.
Pour sa méthode, Voyez ICI. et ICI

Publié dans tranche de vie

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