Au revoir David SERVAN-SCHREIBER
Ci-dessus : La chapelle de St Chaoussou - Lozère Elle est totalement ancrée dans le rocher
Emu par cette disparition brutale. Emu par cette lecture du dernier bouquin de David SERVAN-SCHREIBER "On peut se dire au revoir plusieurs fois".
Voilà un homme intelligent, humble, compétent, ouvert, si proche des gens, des malades, de la nature, qui sait que chaque jour il y a quelque chose à trouver pour améliorer la vie de son prochain, et c'est précisément cet homme qui s'en va. Cet homme avait la culture, la science, le pouvoir de faire avancer les choses, d'ouvrir les yeux des puissants, il l'a fait en partie, et c'est lui qui s'en va.
Il a souffert dans sa chair et c'est aussi peut-être pour cela qu'il était plus proche de ceux qui souffrent et aussi qu'il a compris que notre pauvre médecine ne résolvait pas tous les problèmes et même qu'elle en créait beaucoup. Parce qu'il avait souffert il était facilement ému par les problèmes de ses patients, plus proche d'eux puisqu'il était l'un d'eux d'une certaine façon. L'angoisse de ses patients il la ressentait puisqu'il était lui-même angoissé. La maladie l'avait rendu plus humain. Quelle différence avec l'arrogance de certains de nos praticiens. Beaucoup d'entre nous ayant séjournés dans les hopitaux peuvent témoigner, nous sommes trés souvent de la viande ou des numéros, éventuellement un cas intéressant, mais rarement un être humain..
En ce qui concerne la façon de soigner il s'est trés vite rendu compte de l'impuissance de la médecine classique et il ne comprenait pas pourquoi des systèmes naturels permettant de maximiser ses défenses naturelles n'étaient pas mises en route systématiquement.
Il a aussi stigmatisé la toute puissance des grands labos qui pensent d'abord au profit avant la santé de nos concitoyens. Il a aussi compris pourquoi les médecines dites douces ne se propagent pas, tout simplement parce qu'elles ne génèrent aucun profit. Mais il fallait également avoir beaucoup de courage pour le dire haut et fort.
Il a remarqué que les cellules prises individuellement ne sont ni trés intelligentes ni trés compétentes, mais dès qu'elles interagissent entre elles, elles donnent naissance aux facultés mentales les plus brillantes. Le corps entier fonctionne sur cette notion de réseau. Le foie interagit à chaque instant avec les reins, la tension artérielle, la qualité du sang, tout est lié. Rappelez-vous la maxime du poête "Tout ici-bas est si intimément lié que tu ne peux secouer une fleur sans déranger une étoile". Chaque neurone est connecté avec tous les autres et nous-mêmes nous sommes connectés en permanence avec toute la nature et les éléments qui nous entourent. Voilà pourquoi il ne sert à rien de s'acharner sur l'organe qui a l'air de flancher, que ce soit le foie, le sang, le coeur, etc... C'est la vision globale qui est importante, cette vision "holistique" de l'individu.
POurtant ce qu'il a semé avec son livre "anticancer" n'a pas été emporté par le vent. Beaucoup de scientifiques l'on lu. Bien sûr il a entendu "alors les framboises et les brocolis ça ne marche pas ?". Mais même lorsque la maladie est là, rien n'est inutile il a gagné lui-même des années de vie malgré une maladie qui aurait dû l'emporter beaucoup plus tôt.
Il a constaté que l'activité physique permettait de mieux supporter les chimiothérapies aidant ainsi à l'efficacité du traitement. Et même lorsqu'il est trop tard, lorsque ce retour à la nature et à une vie plus conforme et plus appropriée à l'être humain arrive aprés le déclenchement d'un processus morbide, il n'est jamais inutile d'entreprendre, c'est la qualité de vie et des jours qui restent à vivre qui en profitent.
Il cite le cas de son ami "Molly", une canadienne atteinte comme lui d'un glioblastome de stade quatre et qui vit toujours. Son truc ? Elle s'est retiré dans un isolement quasi complet, elle vit en pleine nature, fait des marches quotidiennes dans le calme, prés d'un lac, elle s'est ressourcée.
DSS était trés ouvert, il avait compris la dimension globale de l'individu, l'importance de soigner le terrain avant même la partie malade. Pourtant il n'est pas allé assez loin et c'est dommage. Je suis sûr qu'il y serait arrivé, puisqu'il n'avait pas de barrières, de tabous à respecter qui empêchent beaucoup de médecins de s'ouvrir à des techniques moins polluantes. Il n'aborde pas le jeûne, ni les grandes techniques de guérison naturelle, comme l'alimentation entièrement crue, la macrobiotique, les monodiètes. Il s'est focalisé surtout sur certains aliments, leur pouvoir thérapeutique, sur la méditation, sur la respiration, sur l'activité physique, la gestion du stress, la culture de l'optimisme, et c'est déjà énorme. Nous parlons nous-même trés souvent de l'activité physique et de la respiration. Il est parti tellement jeune, lui qui aurait pu faire avancer les choses dans son domaine, et découvrir plein d'autres techniques, et surtout les propager auprés de ses collègues scientifiques. J'ai noté qu'en Allemagne là où il avait été opéré il existait une médecine naturelle venant en parallèle avec les moyens thérapeutiques classiques et qu'à cause de cela, tout le monde connaissait ses méthodes anticancer.
La mort étant au centre de ses préoccupations et de ses pensées, bien sûr, il s'est penché sur ces malades ayant vécus le stade de mort clinique et qui suite à l'acharnement thérapeutique et aux techniques de plus en plus pointues de la médecine, avaient été arrachés au néant et étaient revenus dans leur corps. Tous parlaient de ce passage lumineux de ce couloir menant à la lumière, une lumière d'amour, mélant un sentiment de joie céleste, qu'il se garde bien d'appeler Jésus, Dieu, mais seulement l'Amour. Tous étaient désolés d'avoir à réintégrer leur corps physique, et quelque part c'est rassurant de savoir qu'il y a quelque chose d'indéfinissable à l'heure actuelle dans l'au-delà. Il a reçu personnellement ces témoignages comme l'américain Moody, qui en a fait un livre "la vie aprés la vie".
Je suis profondément triste de sa disparition car j'aurais aimé rencontrer un tel homme, pour son ouverture d'esprit, pour son humanité, pour sa richesse spirituelle, pour son amour qui irradie dans chacune de ses paroles. Cet amour qui lui fait emprunter ces mots d'un soldat partant à la guerre et qu'il adresse à sa femme et ses enfants : "Au moment où ils sentiront la caresse du vent sur leur visage ils se diront : Tiens c'est Papa qui vient m'embrasser".