VIVRE AU MILIEU DES AUTRES
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Vous qui lisez ces textes savez, bien sûr, pourquoi vous mangez différemment. Vous savez que pour rester en bonne santé, il est nécessaire de ne pas manger « comme tout le monde ». Mais le fait de manger autrement a un effet d’isolement. Car les repas ont une triple fonction :
Se nourrir
Un moment de réjouissance et de plaisir
Un moment de convivialité et de réunion.
Et c’est ce 3ème critère convivialité ou réunion avec ses amis qui pose problème à partir du moment ou vos amis ne partagent pas vos convictions alimentaires. Vos amis ne pensent pas à leur santé lorsqu’ils mangent, mais au plaisir tout simple de manger. Et on peut bien sûr le comprendre, pour nous aussi c’est un plaisir, mais nous c’est santé et convivialité, eux c’est plaisir d’une bonne bouffe et convivialité. Donc si nous renouvelons trop souvent ces réjouissances nous allons être entraînés à manger n’importe quoi, comme eux. Et même chez vous, il est difficile de leur présenter de la « nourriture pour malade ». C’est choquant mais pour beaucoup d’entre eux, c’est un peu cela. Pourquoi manger autrement si ce n’est pas pour se soigner ? Allez leur présenter un plat de riz complet ou une cuisine sans lait et sans gluten, et ne cherchez pas pourquoi ils ne viennent plus manger chez vous.
Le repas est un moment de partage et de convivialité, mais à partir du moment où ce repas ne répond plus aux « normes », vous êtes exclus du cercle d’amis. Il vous faut manger les grillades, boire au-delà de sa soif, rien que pour le plaisir, il vous faut manger 5 fois plus que d’habitude, viandes, laitages, sucreries, alcool, voilà les ingrédients qu’il vous faut accepter et ingurgiter.
Quand on est classé « farfelu », c’est évident, les liens sont difficiles à tisser. Nous sommes en-dehors des standards et la seule solution, c’est l’isolement.
Parce que, tout simplement, on veut manger sainement, on est des associaux, puisqu’on ne vit pas « comme tout le monde ». J'ai même entendu que c'était une nouvelle maladie. C’est vrai aussi, que si l’on considère le nombre phénoménal de pratiques différentes de s’alimenter, le profane a de quoi s’y perdre et aussi de se poser des questions sur votre santé mentale pour se mettre dans des circuits pareils.
Je pense que nous aussi devons faire des efforts ne serait-ce que pour ne pas présenter un côté trop négatif de toutes nos pratiques. Manger du non-bio une fois en passant ne va pas nous tuer non plus. Lorsque vous êtes invités, manger ce que l'on vous présente est tout simplement faire honneur à votre hôte. On peut toujours prétexter une très petite faim pour éviter un aliment que l'on ne veut à tout prix pas manger. Mais être avec des amis c'est aussi très important. Et puis comment faire passer le message si on n'est pas au milieu d'eux ?
On veut bien faire des efforts, « pour le social », mais est-ce bien à nous à en faire ? Il faut peut-être attendre que les gens souffrent de « maladies incurables », ou en tous cas, pour lesquelles Ils n’ont pas trouvé de pilules miracles. C’est la facilité de ces semblants de guérisons qui font croire au malade qu’il est guéri. Après, pourquoi faire des efforts, pourquoi se priver ? Pourquoi s’introduire dans un système qui vous désocialise. C’est lorsque ces maladies, faussement guéries, reviennent inlassablement que les malades se posent enfin les bonnes questions. Mais il est extrêmement difficile de convaincre un individu qui ne souffre pas dans sa chair. Il vous rétorquera "à quoi bon puisque je suis déjà en bonne santé". Pour beaucoup, la santé est éternelle, en tous cas ils le pensent, et l'avenir ne les préoccupe pas du tout. On est bien dans son corps alors pourquoi penser que cela ne va pas durer ? Et pourquoi donc se priver de toutes ces "bonnes choses ?". Lorsque je recevais des malades, je savais à la première consultation si ce malade allait guérir, rien qu’à sa façon de parler. Lorsqu’il arrivait désespéré, mais prêt à tous les sacrifices, il allait guérir, c’était certain et je n’avais presque pas besoin de connaître sa maladie, même « incurable » aux yeux de la médecine, quand on le veut vraiment, on peut, et en plus, s’il a confiance dans le guide, il aura aussi la volonté et il va guérir..
Ceux au contraire, qui venaient en curieux, oui, oui ! c’est arrivé plusieurs fois : « je ne vous dis pas où j’ai mal, on m’a dit que vous le devinez » (rapport à l’iridologie), celui-là ne mettait pas tous ses atouts dans le jeu dès le départ. Il avait des réticences, des doutes, il voulait des preuves, celui-là allait être difficile à guérir.
Donc, en fait, la solution est là, il faut que les gens soient désespérés, n’aient plus d’autres solutions pour qu’enfin, ils se tournent vers une façon de vivre plus naturelle, une autre médecine, mais aussi une autre vie tout simplement. C’est tout de même un comble d’être obligé d’attendre que les gens soient à la dernière extrémité pour qu'enfin ils ouvrent les yeux et que nous soyons enfin reconnus comme des gens « normaux ».
Par contre, lorsque ces malades se sont guéris de « maladies incurables », ce sont de nouveaux naturopathes en puissance. Les voilà adeptes, ils ont enfin compris que, non seulement pour leur santé, mais simplement pour être heureux, il était impératif de ne pas entrer dans ce moule destructeur que l’on nous propose (malbouffe et médecine très polluante). Il y a une alternative au « Mac‘ Do ». Ce qui ne veut pas dire que l'on est tombé dans l'excès inverse du fanatisme, que l'on retrouve souvent et qui donne une mauvaise image de la naturopathie.
Mais au train où vont les choses, nous ne serons bientôt plus seuls. Ce seront les « farfelus » qui seront la norme.